poèmes voyages 2006.

D’où viendront les poèmes à venir
Le temps usure, fruits créateurs
Le temps usage,
Use l’age…
Un avion coule lentement
Vers des inconnus( des ailleurs,)
L’avenir me Soule
En tremblements délicieux…
Des cieux je reconnais ma crainte
De la terre je sais tant de délices
Et tant de déchirements…
Un jour revoir,
Dans le cœur d’une seule seconde
L’immensité du voyage Vie
L’intensité du bagage Amour
Dans le cœur d’une seconde
Plus chère encore
Lors qu’elle peut se fondre dans l’infini,
En l’infini silence.

Voilà, le soleil brille sur le tapis blanc
Et sur mes tempes perle une fine pluie,
Nous allons traverser ces nuages
Comme des jours de peines
Traversent inexorablement le temps…
Pour un soleil supérieur,
Une lumière crus,
Une approche vers le céleste,
Une infime approche…
Mais les tristesses, se séparer,
Mais les tristesses,
Ne savoir deviner le temps
Les tristesses savoir,
Comprendre…même un peu
Ce que peut l’humanité…

Ma planète ; une rue, un numéro,
Ma planète ; vous, anneaux arpenteurs
De mes pas si imparfaits…
Ma planète, des amours entrants
Dans l’inadvertance de mes peines
Sur les estrans imbibés de larmes,
Plages morphines,
Des amours dilués
En rire et complaintes,
En murmures égrainés
Comme s’égraine la voix des mères
En contes inlassablement bercés,
Et s’imprègnent leurs sourires
Dans nos cœurs déjà vieux…

Use l’age…



Le vol semble être retardé…



Envie de dormir mon corps,
Envie d’échapper au temps,
Fondre mon temps dans le temps du transport,
Vers où devenir…
D’où repartir vers étranges hiers
Contrées minuscules
Des âmes géantes et gazeuses,
Contrées majuscules
Où se trouvent et se perdent
Tout autant que les nôtres
Des âmes et des corps comblés
Ou blessés, ou noyés ; où
S’égrainent en terribles silences…



Dans le ciel, la dame à ma droite vient de se signer, et moi : …___nuages, nous tremblons, ça va…
Revoir cet autre soleil, cette autre lumière, se revoir ; avion plaisir…



L’encre s’écoule, fontaine bleue…
Une vie bien petite, dans ce flot minuscule
Dessine une belle vivance,
La mienne…
Et je pense à toi,
À ton âme joliment voilée
Et je pense à nous
Aux graphismes de nos mains
Sur la peau de ces nuits
À se dire adieu…
À tracer des projets indicibles
À mélanger le flux de nos âmes,
Et je pense à elle
À sa voix enrouée (en nouée ) par la peine,
Me savoir si loin, si loin emmené
Me savoir son père
Me savoir voyance et voyage
Et je vois la rupture
Entre ses pas pressés,
J’entends, ma pauvre déchirure
Sur l’écran mêlé de sa souciance…

Quelle belle chaleur me pénètre,
Je suis déjà ailleurs,
Elle marche dans la rue,
Sa voix est en pleurs
Mais ma gorge, la mienne,
Se déchire à son tour…
Combien de temps encore
Mon corps aura la veine ?

L’encre tarie semble dire
Au revoir, enfant, à très bien
Plus-tôt dans nos vies
Serties de gris et de bleus
Perlées de coquillages et de pas…
Sur les grèves
Bercées de fantaisies…



Dans un deuxième avion, ai du courir, un 747, sûrement, ils attendaient le passager de Brussels, c’est bien moi…



Les sons diffusent des lignes et les lignes
Se perdent en points…
Milliards de petits points
Minuscules
Et nos âmes sont faites de ces points
Ordonnés à leur guise…



Nous roulons vers la piste d’envol, le ciel est gris sombre, nous dépassons un avion
« aéroflot »…



…Et nos âmes dansent
dans leurs cieux parallèles…
…et nos esprits tant mal que bien
accrochés, désespèrent
…par leurs filins si fragiles
tentent d’y percevoir
un peu de lumière…
Et nos corps si lourds, si lourds
Se calent sur le sol rocailleux
Où se terre l’espèce…
Et nos corps se repaissent…



En l’air…
J’aime tant la poésie…
Ai bien pleuré, je réalise….
………
Le Japon est en vue…



Tsukuba, le 4 Août 2004,


Fatigué comme l’épuise d’un brouillard
Empli de beauté, parfumé de bonheur…
Comme des mauves emplis de vapeur,
Étranger venu de nul part…

Ai-je tant besoin de mots, pour sourire
À ce tant précieux et doux espace…
Est-il un autre lieu, un autre respire
Comment souhaiter que le temps « passe » ?

Le « tant » est un écueil, une plage, un sommeil,
Éveillé et divin, empli de chance méritée
Il brille, discret comme ces bas soleils
Des soirées d’hiver aux regards imbibés…

Voir des pleurs, les siens, et voir l’histoire
Bien autre chose encore, ( profonde)voir sa peine
Le temps n’efface rien à ce désespoir
Hiroshima retient son souffle dans ses veines !

Ne retenons plus rien, ni les pleurs ni la haine
Tout autant (utile), précieuse et mesurable
Que les discours perlés de sueurs ; les fredaines
Des politiciens et leurs jeux raisonnables…

Le Japon tout entier, et pour tout éternité
Entendra par au delà de ses nuits
Le bruit maussade, profond, sans la moindre pitié
L’agonie brutale et si lente de sa dignité…

Son pardon me fait mal, son heurt est le mien,
Mieux encore vaut être un puit de larmes
Brûler innocemment avec, dans le creux de sa main
Une croix, un soleil, que le porteur glacé de l’arme…

( ces derniers poèmes sont assez mauvais, je dois travailler dessus car ils parlent, mais les réduire…)


Shangaï, au retour de Nandgi,
Le 14 Août 2004.

Il fait étrange et bon
Ne rien dire, ne rien espérer
Que l’air transformé d’une Chine lourde
De tant d’humide chaleur,


Il fait étrange et bon, si bon
De laisser ces bouffées de langueur
Épaissir l’intérieur confus et nuage
Se tasser sur le sol repu
D’une Chine dans la brume…
Et son nom tant de fois récité
Dans le par-cœur de nos lycées
Et son nom aujourd’hui s’estompe !
Ne reste que le poids des sons
Les rythmes accrochés,
Syllabes à perte d’entente,
Les sutures chantantes,
Lugubres clapotis
D’eau amère et épaisses
Où se démènent
Loches, écrevisses et anguilles…

Les sourires, enjôleurs ou vexés
D’orgueilleuses princesses des champs
Et les sourires méfiants et crâneurs
Des jeunes teen-agers !?
L’est se redit et se redit encore
Entre peur, envie, et encore peur
Tant il s’y est baigné, Est !
Asie, dans les eaux supérieurs
et carmines de la cruauté,
et tant aujourd’hui elle s’érige
sur ses espères, comme une aliénée !
Elle crie dans ses silences
Elle chante dans ses timidités
Des airs mêlés et révoltés,
Elle chante, le « quand elle pourra »
Brandir les non-drapeaux ( blancs)
De ses impériales, périlleuses envies
Jusqu’à re-teinter de noir
Ses désirs fous de liberté !
Ses désirs de libertés folles
Teintées d’effluves étrangères
Jusqu’à prendre un mystérieux
Et dérisoire vol :
Oiseaux d’augures occidentes
Albatros immigrants
En leur propre contrée…






Cette nuit j’ai rêvé qu’il n’y avait plus que 45 « clarks » dans le monde et j’ai trouvé cela affreux ! ( les clarks sont des engins élévateurs )


Shangaï le 17 Août 2004.


Le temps est à faire sérénité
Tous les présents sont faits
Pour devenir : souvenirs…
Le temps est à recommencer
Sur des ruines en nausées ;
Le temps fait, puis il défait
Shangaï peut-elle périr ?
Ruines en ruelles balayées
Promenades encore ensoleillées
Par tant et quelques souvenirs,
Le temps est à déblayer
Le temps fait, puis, le temps refait
Et dans le calme de ses soirées
Shanghai peut-elle périr ?
Les autres, comme les uns se croisent
Les uns les autres se poussent, se dépassent
Les silhouettes dans la pénombre
Les unes comme les autres, se pressent
Au point qu’elles ne paraissent
Pas plus que nébuleuses ombres
La nuit ouvre ses yeux de strasses
S’éveille à d’incroyables méprises
La réalité se déguise, confuse
La nuit s’ouvre à tant de ruses
Et si un cœur perdu et seul s’avise
À y voir l’amour, qu’il s’y brise !
Les autres comme les uns, se croisent
Les unes comme les autres se lassent, se délassent
Les silhouettes se fondent, se confondent
Les unes comme les uns, s’immondent,
Cœurs éteints en lumières diffuses,
Courses folles où l’âme s’épuise…
La nuit s’éteint, une lueur passe
Silencieuse, et couvre une mouise
Epaisse de vide, une vision fuse
Implacable, solitude tant profonde
Le jour est à refaire et refaire le monde,
Les uns comme les autres se croisent…

La seule pensée, la seule religion, la seule vraie religion, c’est la rue, c’est la survie…
Oumiè : maïs



Luoyang, 23 Août 2004.


Ce que l’on voit à la fenêtre du train,
Lors que si peu de toute la lumière !
Wagons lourds de tant de misère
Ceux que l’on voit étaient les plus malins !
Et combien : silencieux, demeurent dans le noir
Et combien pour ne lire de l’espoir
Que l’ombre de si vieux hiers…

Tous étaient dans le même wagon
Avec leurs mêmes ou propres histoires
Tous partaient avec pour tout bagage
Un peu plus, un peu moins la mémoire
Du mal ou du bien, du dire ou du taire
Mais tous étaient de la même prière
Tous allaient sans savoir du voyage
Qu’une même ou vague manière
D’adresser aux cieux ( au ciel ) ses espérances…

Ceux que l’on voit à la fenêtre du train
Le regard, les mains perdus et implorants
Accrochés à un ciel, si incertain
Étaient-ils les plus combattants ?
Est-il mieux : puiser le courage
Dans le blanc, le noir, la lumière
( trouver la lumière dans le noir ou le blanc )
Du jour où l’obscurité sans nuages
Ouvre et dissipe la terreur et la haine…


Ceux que l’on voit à la fenêtre du train
Avaient-ils si soif ou si faim
Pour boire ou manger un peu de ciel ?
Ceux que l’on voit à la fenêtre du train
Abandonnaient-ils leur part de pain ?


Xi-an, Jaotong university,


J’achèterai quelques biscuits, si possible : dorés
J’achèterai un peu de brise pour briser le silence
Un peu de thé pour réchauffer l’humeur
Du thé de Chine,
Un peu d’harmonie et de délicatesse,
Mais un peu d’ivresse, aussi…
Enfin un peu de temps pour y ranger, tout ceci…

Et puis, j’y mettrai un peu de cœur
Mais un peu d’esprit, aussi,
Quelques menus souvenirs, si possible : dorés
Mais quelques larmes de nostalgie,
Mais des regards aimés, éternels amis…
Et ce que peut la vie, avant et après la vie
Ce que peut la mort avant et après la mort,
j’y mettrai un petit chat, si possible : joueur
Un moineaux blanc pour lui tenir compagnie,
Si possible : longtemps,
Et j’attendrai, j’attendrai une nouvelle jeunesse,
Si possible jolie.
La jeunesse est belle, l’éternité aussi :
Si possible éternelle…
Et j’attendrai, j’attendrai, jusqu’au retour de la peur
De la douleur aussi,
J’attendrai, le visage confus, le sourire confiant
La senteur de cette main sur ma main, déjà endormie
Et cette lueur, étrange…( sur, vers l’infini….)


Ce même jour….



Etes-vous quelque-part, n’êtes vous qu’oisillons blottis
Dans le nid tiède encore de la nostalgie,
Vos visages se fondent sur la pâleur d’un étrange calme
Mêlé d’ombre et de lumière, de paix et de peur…
Je vois tant de nouveaux visages, érasant vos regards
Et tant de discordances bousculent vos promesses !

Je vois : tant de présence, entre hier et devenir ;
Les amarres de vos cœurs, scintillantes
Sur de vagues marines, vagues paysages,
Elles ombrent ma pensée et les portraits
Cernés d’or de vos visages ;
Je vois : cette palette si grise où se noie l’arc-en-ciel
Survivance étrange de couleurs,
Je vois les silhouettes grouillantes et solitaires
Minuscules errantes sur alphabet
… à un curieux infini
calligraphie d’argile et de passé lointain,
encres de Chine -en lavis : délicieuses,
encrées de peur et de curiosité
transparentes, irisées, et brutales…
Je vois, le goût du sucre, si discret
j’entends, l’odeur des passés dépassés
je sens de l’avenir, un si lent et douloureux partage…

Etes vous de ces lointains devenirs
Rayons de lumière sur l’horizon de mes incertitudes,
Gardien de mes flux et reflux
Sur l’estran de mes impatiences
Et l’abrupt de mon avidité,
Etes vous les anges ?

Lac Baïkal, Russie,
Le 22 Septembre 2004.


Les mots s’ effritent un à autre
Et se débitent en abstentions…
Et j’ai beau tant les chanter,
Les visages se confondent dans les visages d’hier
Et les visages se font manèges et papillons,
Je ne sais plus de ces mots : Chine ou Japon,
Je ne sais plus de ces mots, si bien appris,
Je sais les nuées de doutes et de nostalgies,
Et je sais leur sagesse insoupçonnées…

Je soupçonne, plus à l’Ouest, un jardin,
Mais ne le connais pas encore,
Je sais de demain, les mystères effleurés,
Je sais, tant de poèmes l’ont déjà conté…
Je n’ai vu du Baïkal que l’espace d’une matinée
Je ne sais du Baïkal que mes regards étonnés…
Suis déjà demain et demain déjà
Se retire avec une extrême gentillesse,
Devant un présent d’où l’anxiété
Jamais ne se retire tout à fait !

Pinpyao, Chine,
20 Octobre 2004

Les très grandes « ors « de vie s’écoulent
Et dorent les plages et les grèves,
Elles ont la brillance et milles scintillantes
Elles ont la vie sérénité
Elles flottent et pétillent sur le cristal de l’ô,
Etincellent en cœur avec légèreté…

Elles proviennent pourtant
De hauts plateaux de tourmente,
Elles sont faites de larmes millénaires
Elles distillent des cris en échos
D’injures et de prières,
De crachats vulgaires et de chants…

Elles proviennent d’une gloire dépassée,
D’héroïsmes bornés, de fiertés enlisantes,
Et parfois de si loin….
Ame fossile, cristal brisé
Brillance si nouvelle, étonnante !
Elles proviennent et n’en finissent
Sur l’écran de mon crâne fatigué
D’effacer les images de mon passé…


Viet-Nam depuis 4 jours,


Des désirs dans la tête,
« mais où sont tes désirs ? »
des vouloirs dans le cœur,
« mais où donc as tu mis ton cœur ? »
- « j’ai mis mon cœur dans mes pieds, un peu,
mes genoux, un peu
le les lance comme des javelots fous,
vers des records inconnus, insoupçonnés,
à chaque pas…

je les lance, je me débarrasse, je me défais, et je vais…
je vais mes pas, et je marche cœur à pas,
je marche sur mon ombre étalée devant moi
et sur l’ombre de mes désirs,
je vais mes pas, je les collectionne
j’en fais des albums imaginaires
je fais des images fugitives
et mon ombre se faufile
entre marbres et herbes hautes,
entre plages et pavés d’argile…
D’étranges musiques s’immiscent
dans le mitant des herbes éparpillées,
désirs et vouloirs se tissent…

Mes pas me confondent et se fondent
en écrans bigarrés,
en films confus et saccadés,
mes genoux et mes pieds s’épuisent
et mes yeux estompent le réel,
et mes désirs se mêlent
et mes vouloirs désir,
et mes désir vouloir….




Hanoï, une rencontre malvenue…


Les saints de la bêtise
Peuvent avoir des têtes d’apôtres,
De longs et beaux cheveux blancs
Sur des visages décharnés,
Et des yeux : comme l’azur…
Ils errent au cœur de leurs absolus
Divaguent en morales désuètes
Rotent,
De conquête en conquête
Leurs credos de pacotilles !

Comme ils sont beaux, et grands !
Si grands qu’ils encombrent
Les ruelles de l’entendement,
Et forts !
Si forts qu’ils bousculent
L’harmonie avenante…( changer cette phrase )


Nimh-Binh, Viet-Nam, le 29 Novembre 2004


En général, en particulier, au hasard des sentiers, avenues, ou baies, deltas, océans…


Vas t’en mourir, dans les rizières de nos oublis,
Vas t’en naître, à nouveau, sur l’étrange lit
De ces étranges rivières, où les soldats encore en vie…
Pleurent et rient les soupires achevés
Et les enfances fugitives…
Où les soldats en partance
Vers les frontières des oublis :
deltas lourds, indifférents,
Trop calme gourmandise des océans…
Où les soldats en partance,
Soldats sans importance :
Enfances en guillemets et pointillés,
Jeunes époux archanges
À jamais endormis
Entre les racines tièdes,
Mangroves accueillantes,
Avec, uniques caresses :
les éraflures tendres de quelques lianes
Balancées, naïves, par le vent…
Unique vérité : une lune apaisante…


ChangMaï, Thaïland
27 Décembre 2004.

Nous avons beaucoup de chances ici, l’épicentre est en mer, à l’ouest de Sumatra, 15 000 morts au moins, Inde ,Sri-Lanka, Indonésie, ceux qui ont décidé de descendre dans le sud de la Thaïland…
Rien à dire, le temps et la terre défont parfois leurs écheveaux, la terre s’est seulement frotté les yeux durant son réveil, elle a baillé et étendu ses longs bras en direction de ses plus belles plages…Voulait elle plaire à quelqu’autre planète, un dieu de passage, puis elle s’est rendormie, aussi sage, aussi fidèle, aussi confiante en la nature…

Je vais rentrer…


Rentrer au pays des épouses tranquilles
Retourner au lit de si sage rivière…
Retourner au lit d’une tendre mer,
D’un nord sans naufrage
Dont les marées ne bougent
Que minuscules (coquillages) grains de café
Et des larmes d’argent…
Où les sourires s’abreuvent
Aux consciences obscures et cachées,
et ne laissent de traces
Qu’au plus profond des cœurs purs…

Retourner au lit, étrange refuge
Où les désirs d’eux-mêmes se fondent,
Se heurtent sur de vagues brisures…
Retourner au lit d’une mère sereine :
Elle ne maudit que les lointaines promesses
Elle n’attend que la saveur des regards
N’entend que le bruit de mes plumes
Sur les cahiers de ses enfances successives…
Elle est une veuve et silencieuse maîtresse
Me sais grés de mes fidélités tardives ;
Elle sait déjà le cœur des pierres
Et les cristaux blottis en l’en dedans de tout,
Elle dessine nos envies, nos savoirs revivre
Encore et encore mes ………….( ?)

Pour un oiseau en proie aux délices d’orient
si fragiles, à ses si terrifiantes îles…
Mais comment pouvaient-elles faire autre
que confier ses flans à l’ immense
des flots revenant de leurs sombres abysses…
Pour un oiseau en proie aux délices,
À toutes leurs multitudes,
À la vue fascinante de ses estuaires
Grouillants de vies et de mystères
multiples dériveurs ou lourds chalands
si troublantes et légères gondoles ;
aux ombres qui godillent silencieuses,
si lentes, qui soudainement disparaissent
dans le fil de l’eau, les brumes et le temps…
Pour un oiseau en proie aux délires
Des lointains et lointaines profondeurs,
Aux caresses si soudaines ou sourdes de la peur,
À l’étreinte doucereuse de la solitude,
Au chants des sirènes menteuses,
Aux goûts subtiles de l’inconscience…

Une mère d’un nord sans naufrage
Dont l’enfant est un oiseau sans ailes
Dont l’amie est une détresse cristaline
Et l’amant un frêle et triste chant…
Une mère d’un nord dont le bagage
Est une nuit qui recouvre le temps passé
Qui, comme une demeure oubliée
Laisse encore lisibles, les bras de ses fauteuils
Les baldaquins, les guitares, les gravures
Et laisse deviner encore les murmures …
Des sourires et des larmes d’enfants
Hantent le présent et allègent les lendemains
D’un aube et d’une paix toute nouvelle,
Les jours venant seront de flammes et de grelots,
Les chants ont cela de beau : ils sont éternité…
Et comme l’enfance, ne meurent jamais…
Ils resteront toujours sur les portées gracieuses
De mes cahiers d’école, des brouillons sculptés
Entre ratures toutes misères, les beaux ratés
Les cercles rouges et l’écriture monotone
Des vieilles demoiselles : mes premières maîtresses.

Elle entend le bruit de mes plumes…

Elle entend le bruit de ses plumes
Sur ses cahiers d’écoles redoublées,
Elle s’évade ainsi au grés de ses marées à lui
Et de ses arcs-en-ciel, de ses arcs boutant
Ses ras de marées fous et débridés,
Déferlantes de rires et de pleures mélangés ;
Elle entend la clameur de ses curieux silences…
Elle connaît les tracés purs mais aussi les courbes
Aussi tendres, chaudes ou bienveillantes,
Elle endure ses sordides élans de vérité,
le poids de ses doutes si futiles et pesants ;
elle sait, ils iront ainsi, par le même chemin
sans jamais se rompre, mais pas la même route…

Et comme l’enfance ne meurt jamais
Ni les chants, ni les amours singulières,
Les vents de liberté, les souffles saccadés
Qui rendent à la vie, la force et le sens
Les bras fermes, tendus sans violence
Qui coupent les cordons de la dépendance
Et qui, comme les oiseaux, les échos, les naissances
Se meurent et se posent sur les rives
Inexplorées où luisent des cimetières
Ornés, sertis de si belles légendes…

Le deuil se pare des lumières nocturnes
Les musiciens d’Orient se joignent à la fête
Luths et accordéons s’invitent, se répondent
Les jeunes gens esquissent quelques rondes,
S’y glissent des voyageurs, des exilés,
Les couronnes passent de l’une à l’autre tête !…
Le jour vient, étrangement rose pour la saison,
Le père et sa légende maintenant se confondent
Dans la nouvelle clarté, et le présent, et le passé
Ensembles attisent les feux nouveaux du jour…

Elle sait, ils iront ainsi, sans jamais se quitter,
Elle allume les feux de ses soudains retours
Elle trace sur le sol les lignes de leurs mains
Les sillons où un jour ils vont ensevelir
Un à un les présents, les pardons, les désirs,
Une à une les certitudes et les doutes aussi,
Le besoin de porter le poids de leurs métiers
D’amants, de père, de mère et de tuteurs…
La brise souffle sur les tempes et calme les ardeurs
Le vent froid d’hiver attise les derniers feux,
Pour leur amour, il est bien temps de rentrer !

Ai rencontré bien des gens, je vais leurs écrire maintenant, je vais les retrouve, je leurs serai fidèle car j’ai semé les petites graines et elles doivent et peuvent être fertiles…,
A quoi servent les bilans si ce ne sont de bonnes et gentilles graines,
Mon voyage prochain sera très différent, je n’avalerai pas des villes, des pays, je dégusterai des endroits…



Bangkok, Thaïlande.
Le 28 Décembre 2004.


Il me suffisait…


J’avais envie de rester au bord d’une rivière
Avec des gens, simples…Tout simplement,
La rivière n’est pas si loin…:

Juste derrière ce haut mur de briques
Rouges du sang des libertés volées
Noires du travail corrompu
Blanches de l’innocence;
Des briques trop neuves, trop propres
Sans marques, sans signatures !…
Juste derrière ce haut mur de briques :
Il me suffisait de marcher, droit devant,
Il me suffisait de prendre
L’un ou l’autre de ces taxis,
Voleurs volés gris de couleur
Gris de mentalité…
Il me suffisait de prendre
L’un ou l’autre de ces vieux bus
Lents et emplis de ces bruits
Effarants de la précarité,
Vieux bus chargés de sourires,
De vrais et bons sourires !…
Non de ces sourires qui pro quo
Aguicheurs ou fabriqués,
Sourires à cent ou mille bats
Sourires de ces jeunes filles perdues
Entre rivières, montagnes et avions
Entre bats, dollars ou euros
Sourires pathétiques de ces filles volées,
de ces enfances marionnettes…





Il me suffisait de prendre
L’un ou l’autre de ces trains cahotants :
Ornés de ces mêmes si beaux sourires,
Rythmés par le temps que l’on jette
Par les fenêtres d’un présent dépassé,
Emplis de fruits et de gâteaux étranges…
Un train bondé par de curieux anges :
Gardiens de cette trop digne pauvreté,
Accueillante, humble et humiliée…
Il me suffisait de prendre
L’une ou l’autre de mes semaines
Au lieu de rêvasser à la fenêtre
De la comédie humaine !

Mais il ne suffit pas de l’écrire
Sur l’une ou l’autre de ces lignes figées
Et si, ami, frère, tu lis ces quelques mots
Reproduits avec tant de fébrilité
Sur les cloisons frustrées et bourgeoises
de ce retour impromptu, déroutant ;
Ne reste pas figé, les yeux rivés ou clos,
sur cette scène où le cœur pavoise
où transpirent de pauvres suffisances
s’il te suffit, pour passer quelques heures,
heureuses au bord d’une rivière
avec des gens simples,
de t’en approcher, tout simplement…


Des yeux se voilent d’age et de fatigue, on fait des gestes dans le vague, le flou, on continue d’exister dans une demi-réalité…les chiffres et les couleurs dansent comme des marionnettes légères, les voix tout autour se mélangent comme des milliers de vagues capricieuses…la gorge se serre, trop entendre l’échos de la souffrance…j’ai hâte d’ être allongé à côté d’elle et dormir.

Episode du touriste « sexuel »


Et dormir encore, un an peut être un an de plus
Pour ne pas voir encore mourir un homme,
Jeune,
Peut-être un jeune homme à l’âme mauvaise,
Et l’étoile de son sang sur son beau visage.

Je la vois, cette étoile,
découpée sur un ciel bleu, tout bleu,
C’est un tableau de Magritte,
Ou d’ailleurs,
Ou d’ailleurs je m’en fous !


Dormir un an de plus
Ne plus voir ces images sur les écrans
et dans les yeux de ceux-ci : les vivants
trop vivants dans leur supplice, leurs blessures,
leurs yeux arrêtés
dans l’enfer d’un présent répété, d’un présent tenace
noué comme des chaînes
au cou de leur vie tout entière ;
ne pas voir ces regards
à peine extirpés d’ une gangue insupportable
se perpétuer comme une semonce !
Ne plus entendre ce silence pesant
Ces chiffres s’amplifiants,
Insurmontable marée
Écumes crachée de l’imaginaire !
Ne plus voir l’évidence
Jetée comme détritus
Aux abysses roulantes et sales,
Avec cette envie trop têtue
Indécente de vivre, si humaine…

J’ ai tant jeté de fleurs dans les ruisseaux
Et voilà que des eaux géantes,
Des arbres géants
Se ruent et inondent
Les chambres où nous voulions dormir…
Les salons où nous voulions ébattre
Nos corps rapetissés
Nos âmes douloureuses
Nos amours rapiécés…

La terre a décidé que non :
Nous ne ferions pas ces voyages,
Nous serions les acteurs ballottés
D’un merveilleux naufrage
Dans lesquels nous allions vomir
Nos orgueils et parfois en mourir…


Kadikoy, en Asie,
Ici on ne comprend pas que l’on puisse s’attarder à tabl , pour écrire par exemple…
Comme des puces, les gens flanent ou bien courent,

Istamboul, en Europe…
Bonheur de passer d’Europe en Asie dix fois par jour, accompagné par les sourires, les mouettes ,les cormorans,
la mosquée bleue, Ste Sophie, le port, le bain turque, le grand bazard…

Le chiffre tsunami : 150 000….

Bruxelles…


Le temps du départ
Un train va si tranquille
Il conduit d’ici en là
Une musique trop quotidienne,
Trop musicienne…
Les bruits d’ici et de là
Ont la saveur des jours paisibles
Le temps est blafard…
Le temps va si fragile
Il conduit de là en ici
Ses peintures si grisailles,
Si…vaille que vaille…
Les couleurs d’ici ou de là
Ont la pâleur des vies paisibles…

Au temps du re-départs….

Bruxelles, Belgique.
10 Janvier 2005.


Il jettent des pavés dans la mare
Et la mare en a assez,
Elle en a marre la mare

Elle en a mal la mare
Au ventre et ailleurs
Elle est toute retournée,
Elle en a mal au cœur,
La lune ne s’y reflète plus guère
Et elle est mal lunée, la mare,
D’une lune éclatée, émiettée, estompée…
Pour elles deux, tout va de travers…

Fini le bon temps des reflets,
Des amants entrelacés
Dans le clair d’une lune dorée…
Fini le temps des clins d’yeux,
Des sourires esquissés, puis gravés,
Flottants sur la surface entre les feuilles
Brunes, jaunes ou cramoisies de l’autour…

Finit le temps où les petits d’hommes
Venaient à s’y regarder…
Venaient à y promener leurs paumes légères
Jusqu’à la faire frétiller…
Fini le temps des adonis aux cils effilés,
comme les gris rayons des toiles d’araignées ?tissés entre les étoiles…

Fini le temps des divines mémoires
Où le ciel s’y pouvait souvenir
En arcs de couleurs ou en azurs parfaits,
Fini le temps où pouvait rajeunir
Le visage d’un promeneur fatigué
Ses traits las et durs s’adoucir…

Ils jettent des pavés dans la mare
Et la mare en a assez…

Rochegude, France.
25 Janvier 2005.


Si le ciel un jour, en Asie ou ailleurs
Se mettait à vomir
Des graines d’étoiles scintillantes
Des nébuleuses d’or…
Déverser sur les eaux jaunes ou noires
Sur la peau flétrie ou boueuse
Des géantes océanes
Des moussons de pierres précieuses
Si le ciel vomissait
Tout ce qu’il sait de trésors…

Comme s’allumeraient les yeux de l’envie
Les feux de milliards d’artifices
Comme les cœurs se feraient étincelles
Comme les âmes se verraient éternelles
Comme nous lancerions nos espoirs à la mer
Comme serait belle cette ruée vers l’or !

Et la mer avide et gloutonne
Dînerait d’âme perfide et de cœur séché…


En attendant de repartir